
Aux Émirats arabes unis, l’intelligence artificielle s’enseigne dès la maternelle

Une réforme éducative sans précédent
C’est le Premier ministre des Émirats arabes unis et Souverain de Dubaï, Cheikh Mohammed bin Rachid, qui a annoncé la décision dimanche 4 mai 2025. Dans une déclaration relayée sur X, il précise que le gouvernement a validé “le programme final pour introduire l’intelligence artificielle comme matière à tous les niveaux de l’enseignement public”, dès la rentrée prochaine. Le moins que l’on puisse dire est que l’objectif est ambitieux : préparer les nouvelles générations à un monde régi par des technologies profondément différentes de celles de notre époque. C’est en tout cas la vision du premier ministre qui précise que “notre responsabilité est de préparer nos enfants à un temps différent du nôtre, avec des conditions différentes des nôtres”.
Fondamentalement, ce programme a pour objectif de donner aux élèves une compréhension technique de ce qu’est l’IA tout en développant leur conscience éthique d’une technologie de plus en plus omniprésente. De plus, à la différence d’autres pays où l’IA est évoquée de manière ponctuelle dans certaines disciplines à partir du collège, les Émirats arabes unis choisissent une voie bien plus ambitieuse. L’IA ne sera pas utilisée uniquement comme outil pédagogique par les enseignants, mais enseignée comme une discipline autonome, dès les premières années de scolarité. Concrètement, dès la maternelle, les élèves aborderont les bases de l’intelligence artificielle au même titre que les lettres, les chiffres ou les jours de la semaine. Le programme, conçu pour être adapté à chaque niveau, reposera sur sept grands axes pédagogiques : les concepts fondamentaux, la donnée et les algorithmes, l’utilisation des logiciels, la sensibilisation à l’éthique, les applications concrètes, la conception de projets innovants, et l’engagement dans la communauté autour des politiques liées à l’IA.
Vision et stratégie
Comme l’a souligné la ministre de l’Éducation Sarah Al-Amiri, cette réforme incarne “la vision tournée vers l’avenir du gouvernement émirati” pour préparer les prochaines générations à “créer et développer des solutions intelligentes”. Ainsi, cette réforme éducative est le prolongement d’une stratégie nationale qui fait de l’intelligence artificielle et de la technologie des leviers de diversification économique. En effet, depuis plus d’une décennie, les Émirats réduisent progressivement leur dépendance aux hydrocarbures en misant sur l’entrepreneuriat et l’innovation dont les enjeux sont largement liés à la compréhension et la maîtrise de l’IA.
Ne l’oublions pas, les Émirats arabes unis ont été le premier pays au monde à se doter d’un ministère de l’Intelligence Artificielle en 2017. Cette initiative, perçue à l’époque comme plus symbolique qu’autre chose, prend désormais un ancrage dans le réel et force à reconnaître que le pays a été visionnaire. De plus, énième preuve de leur engagement sur le chemin de l’IA, les Émirats ont annoncé en 2025 des investissements colossaux, entre 30 et 50 milliards d’euros, en France, notamment pour la construction du plus grand campus dédié à l’IA en Europe qui sera aussi doté d’un centre de données géant.
Avec cette réforme, les Émirats arabes unis envoient un signal fort et clair : former les citoyens de demain, dans le monde de demain, commence dès le plus jeune âge. Pour cela, le pays ne se contente pas de suivre les évolutions technologiques mondiales, il entend les anticiper, les structurer, les financer et les transformer en moteurs de développement et de changement. De plus, cette stratégie témoigne d’une approche vraiment pragmatique : celle de ne pas uniquement se contenter de familiariser les élèves avec l’intelligence artificielle, mais leur donner les moyens d’en devenir les concepteurs, les développeurs et les innovateurs.
Sources :
https://www.arabnews.com/node/2599592/middle-east